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BELGICATHO

  • Rejet du concept de loi naturelle et déclin de la démocratie

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    L'éditorial de Christophe Geffroy sur le numéro de janvier de La Nef :

    Nécessité de la loi naturelle

    Nous constatons chaque jour que notre démocratie s’affaiblit progressivement, et ce n’est pas la séquence politique actuelle qui démentira ce jugement. Les causes, assurément, en sont multiples : nous avons souvent évoqué ici la fracture grandissante entre des élites mondialisées (les anywhere de David Goodhart) et les classes moyennes paupérisées attachées à leurs racines (les somewhere), fracture qui se retrouve également entre les politiques et le peuple qui ne s’estime plus représenté ; ou encore le transfert du pouvoir politique vers Bruxelles, sans parler de notre système de redistribution pléthorique qui a créé des castes de profiteurs qui, par leur capacité de nuisance, empêchent toute réforme structurelle. Et cela est loin d’épuiser le sujet.
    Aujourd’hui, c’est un autre aspect de la question que je souhaite aborder et le prétexte m’en est donné par la publication d’un texte remarquable de Pierre Manent qui est aussi essentiel qu’il est modeste en taille : le déclin de la démocratie, qui est aussi celui du politique, a l’une de ses sources importantes dans le rejet du concept de loi naturelle (1).

    Pourquoi la loi naturelle ? - Pierre Manent | Lgdj.fr

    Nécessité d’une base morale reconnue

    Il y a encore peu, il existait un consensus tacite autour de principes universels tenus pour tellement évidents par tous qu’il n’était pas nécessaire de les spécifier, par exemple le mariage comme étant l’union d’un homme et d’une femme. Ces principes moraux formaient la « loi naturelle » : cela signifiait qu’il existait une « nature humaine » – les philosophes diraient une « essence » – commune à tous les hommes, soumise à des lois spécifiques (toutes les morales convergent peu ou prou en bannissant le vol, le meurtre, le mensonge, l’adultère…) et animée d’inclinations « naturelles », au nombre de quatre principales, que saint Thomas d’Aquin résumait ainsi : la préservation de l’être, la tendance de l’homme et de la femme à s’unir et à se reproduire, la prédisposition à s’associer pour former une société ou corps politique, le désir enfin de connaître la vérité sur Dieu.
    De ses quatre inclinations, les Modernes ne reconnaissent que la première. La société, notamment, n’étant pas naturelle, sa conservation n’est pas une fin en soi et ne saurait justifier ou motiver la loi. En ramenant tout à l’individu, on en a fait un être isolé, aspirant à l’autonomie, capable de se donner à lui-même la loi, ne voulant rien recevoir, s’affranchissant au contraire de toute détermination contraignant sa volonté, qu’elle provienne de Dieu, de la nature ou de la culture. En effet, pour le Moderne, la loi naturelle (a fortiori la loi divine) est une restriction insupportable à sa liberté, comme l’est également tout ce qui la limite et qui n’est pas le fruit de sa propre décision. Ainsi, cette volonté est créatrice d’un ordre nouveau, centré sur l’individu – seul élément « naturel » encore reconnu – et fondé sur un contrat de chacun avec chacun, le « contrat social ». « Dans la perspective du progrès moderne, écrit Pierre Manent, tout ce qui est au-delà du corps propre et de ses besoins immédiats relève du voulu ou du construit, et n’est guidé ni légitimé par aucune tendance ou inclination naturelle » (p. 23). Désormais, le principe de toute justice réside dans le rapport à soi de l’individu, et non plus dans le rapport aux autres.

    Relation au politique bouleversée

    Cela modifie profondément la relation au politique des démocraties occidentales, par « la subversion active et pour ainsi dire systématique de la tendance humaine à l’association » (p. 39), par la primauté de l’individuel sur le collectif, ce qui contribue à la désagrégation des communs et finalement à la dislocation du lien social – dont souffrent en premier lieu les plus pauvres, les plus vulnérables. Cela se traduit par une invraisemblable inflation de « droits de l’homme » sans référence à la notion de bien, car la recherche du bien exige effort et vertu et, affirme-t-on, chacun est libre d’avoir sa propre vision du bien, d’où son élimination de l’espace public au profit des droits qui bénéficient à tous les hommes sans distinction. Le corps politique apparaît désormais comme une association particulière face auquel tout individu est porteur d’un droit opposable qui s’impose à la communauté.
    La démocratie représentative, le politique comme la nation sont les principales victimes de cette idéologie moderne. En effet, le principe d’un corps politique (comme la nation) est d’instituer des séparations, des préférences (entre citoyens et étrangers, par le droit de vote, par exemple). Mais cela est désormais vu comme une injustice. On comprend ainsi pourquoi la tendance moderne conduit à l’effacement du politique, de la nation et des communs, comme on ne l’observe que trop aujourd’hui.
    Ajoutons que nous ne résoudrons pas la crise profonde que nous traversons sans renverser les principes mortifères qui nous gouvernent. Cela semble une montagne infranchissable tant cela suppose un bouleversement radical de nos mentalités d’hommes modernes. À l’origine de cette longue évolution qui a conduit à la situation actuelle, il y a le rejet progressif de Dieu, de nos cœurs d’abord, puis de nos cités. On ne parviendra pas à reconstruire une société digne de ce nom sans revenir sur ce rejet, donc sans une évangélisation de nos vieilles nations jadis chrétienne.

    (1) Pierre Manent, Pourquoi la loi naturelle ?, Boleine, 2024, 60 pages, 9 €.

  • Omnis terra adoret Te (Introit du 2e dimanche du TO)

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    Introitus Introït
    Ps. 65, 4 Ps. 65,4
    OMNIS terra adóret te, Deus, et psallat tibi: psalmum dicat nómini tuo, Altíssime. Ps. ibid., 1-2 Iubiláte Deo, omnis terra, psalmum dícite nómini eius: date glóriam laudi eius. Que la terre T'adore et chante en Ton honneur, qu'elle dise une hymne à Ton nom. Ps. Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière; chantez un psaume à Son Nom : rendez glorieuse Sa louange.
  • Ce vin offert à profusion

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    Evangile du jour : Jean 2, 1-12

    Trois jours plus tard, il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples.

    Or, on manqua de vin ; la mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue. » Sa mère dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu'il vous dira. » Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs ; chacune contenait environ cent litres. Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d'eau les cuves. » Et ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Le maître du repas goûta l'eau changée en vin. Il ne savait pas d'où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l'eau. Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant. »

    Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils y restèrent quelques jours.

    Homélie du Père Marie-Joseph Verlinde (homelies.fr)

    (Archive 2010)

    « Le troisième jour » : les noces de Cana se situent trois jours après l’appel des premiers disciples. Deux compagnons de Jean Baptiste ont suivi Jésus le premier jour ; l’un d’eux, André, a proposé à son frère Simon de les rejoindre. Le lendemain, second jour, Jésus appelle Philippe, qui à son tour invite Nathanaël. Le troisième jour, tous sont invités au mariage. Cette précision chronologique est bien sûr intentionnelle : il s’agit d’une allusion aux trois jours d’attente de la manifestation de la victoire du Ressuscité. Par ce procédé, l’évangéliste prévient le lecteur dès le premier verset du récit, que les événements de Cana sont à interpréter à la lumière du mystère pascal.

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  • Cesse de ne boire que de l’eau ! (homélie du 2e dimanche C)

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    De l'abbé Christophe Cossement sur son blog :

    Cesse de ne boire que de l’eau !

    homélie du 2e dimanche C, 19 janvier 2025

    Ce lundi à la rencontre des fiancés, nous avons lu ce texte d’Isaïe 62 où Dieu présente son peuple comme l’épousée qu’il chérit. C’était une bonne occasion de leur faire sentir que leur mariage concernait toute la vie du peuple de Dieu et leur donnait une responsabilité spéciale dans la relation de Dieu à son peuple. Nous allons pouvoir approfondir cela car aujourd’hui ce texte nous est donné pour comprendre l’enjeu de ce qui se passe dans l’Évangile des Noces de Cana (Jn 2).

    On pourrait n’y voir qu’un problème domestique que Marie aide à surmonter, nous encourageant à recourir nous aussi à elle quand nous buttons sur des problèmes, car on voit bien qu’elle a le bras long auprès de son Fils. Je ne suis pas sûr que cette interprétation soit correcte, et tout à l’heure nous verrons le vrai rôle de Marie envers nous.

    Dans ce moment de la vie du Christ, le mariage où il n’y a plus de vin c’est l’union de Dieu avec l’humanité, c’est la première Alliance que Dieu avait tissée avec son peuple, qui avait apporté de nombreux bienfaits mais qui, finalement ne correspond pas aux besoins de l’humanité car elle est comme de l’eau pour un mariage — l’eau dont les serviteurs rempliront les jarres servant à la purification rituelle prévue par cette première Alliance. Le signe que Jésus va faire en changeant l’eau en vin au cours de noces indique qu’il accepte que son heure soit venue, comme il dit : l’heure de donner sa vie toute entière pour que nous puissions boire un bon vin, un vin inégalé, signe d’une joie de Dieu débordante pour tous ceux qui entrent dans cette nouvelle Alliance.

    Quelle est la source de cette joie ? Jésus est venu pour nous donner le vin le meilleur, l’amour de Dieu. Le rapport de Dieu à son peuple est connu par tout juif comme celui d’un jeune homme épris de sa fiancée et qui conclut un mariage de bonheur avec elle. Maintenant que Jésus a donné sa vie pour que l’engagement de Dieu avec nous soit indissoluble, le mariage en a reçu une nouvelle signification, et l’union indissoluble de l’homme et de la femme est de grande estime dans l’Église, bien qu’elle soit tellement fragilisée de nos jours. Tous ne peuvent pas vivre ce signe, mais tous peuvent vivre ce qu’il indique : l’union au Christ, source de toute joie.

    Le Seigneur ne nous a pas seulement apporté de bonnes dispositions et valeurs pour vivre fraternellement sur la terre, bien que cela soit très important. Ça, c’est ne boire que de l’eau. Mais il nous a apporté l’amour de son cœur. Et nous pouvons vivre dans cet amour tout au long de notre journée, en laissant notre esprit ou notre voix dire au Seigneur l’amour que nous lui portons en retour de son amour posé sur nous. Vivre en présence du Seigneur heure par heure n’est pas une activité réservée aux mystiques, mais c’est le propre du chrétien. Jésus nous a demandé de veiller, le cœur dans l’attente. Ce n’est pas que pour le dimanche, mais chaque jour.

    Vivant avec le Seigneur heure par heure, nul désarroi ne nous renverse, nulle crainte ne nous emporte, car nous sommes sans cesse fixés en Dieu. Jésus qui aujourd’hui change l’eau en vin nous dira ensuite comment nous pouvons faire de même : demeurez en moi, comme moi en vous ! (Jn 15,4) Et Marie aussi donne la recette pour que nous puissions changer nous-mêmes l’eau en vin dans notre vie : « faites tout ce qu’il vous dira ! » Cette parole adressée aux serviteurs nous arrive et nous encourage. Marie sait que c’est le chemin du vrai bonheur ; un chemin difficile, mais le seul vrai. Lisons l’Évangile et mettons-le en pratique, convertissons sans cesse notre vie pour qu’elle soit fondée sur les promesses du Christ. Cessons de ne boire que de l’eau ou de la piquette !

  • Royaume-Uni : quand la charia s'installe comme loi parallèle

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    De Max George sur La Sélection du Jour :

    Royaume-Uni : La charia s'installe comme loi parallèle

    15 janvier 2025
     
    Tribunaux islamiques, conseils juridiques, applications informatiques : la ville de Londres est devenue en quelques décennies un centre incontournable de la mise en pratique de la charia en Europe. Tout l'arsenal légal de l'islam est à disposition des musulmans qui souhaitent conformer leur vie matrimoniale à leur religion.

    Selon une enquête du Times de Londres, des milliers de questions matrimoniales au Royaume-Uni sont aujourd'hui réglées par le biais des tribunaux islamiques, pouvant aller du mariage au divorce, en passant par les successions. Ainsi, une véritable jurisprudence matrimoniale islamique se développe à Londres depuis 1982, lorsque les tribunaux islamiques furent instaurés en Angleterre et au Pays de Galles. Il s'agissait de la première institution de cette nature en Europe, alors même que le Royaume-Uni comptait un million de musulmans, contre 3,87 millions en 2023 (5,78 % de la population). Quarante-trois années plus tard, l'on dénombre 85 tribunaux islamiques, aussi appelés « sharia councils » en Angleterre et au Pays de Galles. Au moins 100 000 mariages musulmans ont été contractés au Royaume-Uni via ces tribunaux, dont un bon nombre sont reconnus uniquement par le droit islamique et non la loi anglaise.

    Les femmes musulmanes sont les premières touchées par ce système parallèle, du fait de leur statut inférieur à l'homme, qui est inscrit dans la charia. D'une part, bon nombre d'entre elles doivent se soumettre à un mariage arrangé, souvent organisé depuis leur clan du Pakistan ou d'Afghanistan, dont sont originaires la majorité des musulmans britanniques. D'autre part, lorsque ces femmes souhaitent divorcer, elles sont dans une position sensiblement inférieure aux hommes. Ces derniers peuvent utiliser la procédure expéditive du talaq, par laquelle il leur suffit de clamer par trois fois leur intention de divorcer devant le juge islamique pour que leur demande soit approuvéeLe talaq, pratique controversée, est appliqué par plusieurs tribunaux islamiques en Grande-Bretagne, alors qu'il est banni en Égypte, au Pakistan, au Bangladesh et en Inde.

    Les femmes, en revanche, pour obtenir un divorce devant un tribunal islamique, peuvent parfois attendre jusqu'à trois ans pour qu'une décision soit rendue. Si de plus leur mariage n'est pas reconnu par la loi britannique, elles ne bénéficient d'aucune protection légale, notamment en matière de compensation financière ou de garde des enfants. Les juges, très souvent des hommes, tendent naturellement à être peu favorables aux réclamations de la femme, dans l'esprit même de la charia. Une femme raconte au Times que son mari lui réclamait des dommages « à cinq chiffres » pour rembourser l'argent qu'il avait dépensé pour elle lors du mariage : une somme qu'elle était incapable de payer, même en rendant ses bagues. Les jugements des tribunaux musulmans n'ont aucun statut légal dans la jurisprudence britannique, mais créent de facto une jurisprudence matrimoniale parallèle à celle des autres tribunaux au Royaume-Uni.

    Au-delà de ces jugements, un véritable système de conseil juridique islamique s'est aussi développé outre-Manche. L'application Waseeya, disponible sur l'Apple Store et Google Play Store, démontre l'ampleur de ce phénomène. Celle-ci permet aux hommes musulmans d'obtenir des conseils concernant leur succession, grâce à des spécialistes de la charia et du droit des successions de l'Angleterre et du Pays de Galles. Développée au Royaume-Uni, Waseeya propose à ses usagers masculins de sélectionner le nombre de femmes qu'ils possèdent, qui peut monter jusqu'à quatre, alors même que la polygamie est illégale en Grande-Bretagne. Autre exemple parlant : sur un formulaire de divorce pour les femmes disponible sur le site de l'Islamic Centre of England, une association musulmane basée à Londres, la requérante doit indiquer la dernière fois qu'elle a eu ses périodes, ainsi qu'une relation sexuelle avec son mari. 

    L'institution la plus influente en matière de droit matrimonial islamique est l'Islamic Council of Europe, basé à Londres, qui fait office de référence pour l'interprétation de la charia en Europe. L'un de ses dirigeants, l'imam Haitham Al-Haddad, est titulaire d'un doctorat à la School of Oriental and African Studies (SOAS University of London) et a reçu sa formation religieuse en Arabie Saoudite. Proche des courants du salafisme, Haitham Al-Haddad a fait l'objet de polémiques pour ses propos justifiant les violences conjugales, en particulier pour « la préservation de l'unité du mariage ».

    Une enquête sur les « sharia law courts » avait déjà été lancée par Theresa May en 2016, lorsqu'elle était ministre de l'Intérieur (« Home Secretary »). Dans une déclaration, Theresa May avait manifesté ses inquiétudes face aux pratiques des tribunaux islamiques : « Un bon nombre de femmes ont déjà été victimes de ce qui s'apparente à des décisions discriminatoires prises par les « sharia councils » et il s'agit d'une inquiétude significative. Il n'y a qu'une règle dans ce pays, qui accorde des droits et la sécurité à chaque citoyen. »

    Neuf ans plus tard, deux lois matrimoniales parallèles sont encore en vigueur au Royaume-Uni. Les conclusions du rapport furent rendues en 2018. Celles-ci ont rejeté la solution de supprimer les tribunaux islamiques et ont recommandé de modifier la législation pour imposer aux mariages musulmans les mêmes conditions de légalité que pour un mariage juif ou chrétien. Mais pour l'heure, aucun changement n'est intervenu.

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  • L'élection de Trump et le vote des catholiques

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    De sur The Catholic Thing :

    Ce que pensaient les catholiques le jour des élections

    18 janvier 2025

    Lorsque Donald Trump a perdu l’élection très serrée de 2020 face à Joe Biden, 51 % des catholiques l’ont soutenu, tout comme 61 % des évangéliques et 35 % des électeurs juifs. En 2024, Trump a reçu la majorité des voix nationales grâce au soutien de 58 % des catholiques, 68 % des évangéliques et 39 % des électeurs juifs. Il s’agit d’un retour remarquable, fondé sur une coalition de personnes de la classe moyenne et de la classe ouvrière de toutes les religions et de toutes les ethnies.

    Pour avoir une idée de ce qui a motivé les catholiques et les autres Américains à voter le 5 novembre, les sondeurs et conseillers de Trump McLaughlin Associates ont réalisé une enquête post-électorale nationale qui aborde en profondeur les problèmes et les attitudes. John McLaughlin, un ami de plus de 30 ans, a eu la gentillesse de partager avec moi ses conclusions, dont certaines m'ont surpris, en particulier le sondage sur l'avortement.

    Voici un aperçu des résultats de l’enquête :

    Parmi les catholiques qui ont voté pour Trump, 90 % ont déclaré avoir voté pour lui. Seulement 10 % ont déclaré avoir voté contre Harris. En revanche, 28 % des catholiques qui ont soutenu Harris ont voté contre Trump.

    Lorsqu'on a demandé aux catholiques à quel moment ils savaient quel candidat ils allaient soutenir, 61 % ont indiqué qu'ils avaient pris leur décision avant la fête du Travail. Douze pour cent sont restés indécis jusqu'au début du mois de novembre.

    Une majorité de catholiques (56 %) estiment que le Parti républicain saura mieux répondre aux problèmes qui les concernent le plus. 61 % d’entre eux estiment que le Parti républicain est le mieux placé pour améliorer l’économie et créer davantage d’emplois. 63 % des catholiques pensent que le Parti républicain saura sécuriser la frontière ; 58 % pensent que le Parti républicain saura mieux lutter contre la criminalité.

    Une majorité des électeurs (44 %) se déclare en faveur d'un gouvernement plus petit et de services moins nombreux, 35 % d'entre eux étant favorables à une augmentation des largesses gouvernementales. Le sentiment des catholiques est en phase avec celui des Américains : 48 % sont en faveur d'un gouvernement plus petit et 37 % d'un gouvernement plus nombreux.

    En ce qui concerne le caractère de Trump, malgré les critiques constantes des médias à son encontre – et les démocrates qui le qualifient de nazi, de menace pour la démocratie et de criminel condamné – 51 % des électeurs et 58 % des catholiques ont perçu Trump comme le candidat le plus sympathique.

    Taux d’approbation le jour du scrutin :

      Trump Harris Biden
           
    catholique 62% 47% 46%
    Évangélique 69% 33% 31%
    juif 45% 91% 83%
    Athée 41% 62% 55%

    Avis favorable :

      Trump Harris
         
    catholique 58% 47%
    Évangélique 64% 33%
    juif 41% 81%
    Athée 35% 65%

    La question économique est la plus importante pour les électeurs. 47 % d'entre eux ont déclaré avoir des difficultés financières, tout comme 49 % des catholiques.

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  • Sainte Marguerite de Hongrie (18 janvier)

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    Sainte Marguerite de Hongrie

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    Allocution de Sa Sainteté Pie XII

    À l'occasion de la canonisation de sainte Marguerite (19 novembre 1943), le Pape avait préparé une allocution qu'il ne put prononcer en raison des événements. Elle fut publiée, à la demande de Hongrois exilés, avant l'Assomption 1944 et la fête de saint Étienne, premier roi de la nation magyare.

    Comment Notre cœur n'exulterait-il pas, ému d'une joie intime, et très vive, à vous voir aujourd'hui rassemblés autour de Nous, chers Fils et Filles de la noble nation de Hongrie, dont la présence ravive en notre âme et représente les plus doux et chers souvenirs ? Souvenirs ineffaçables de ces grandes assises eucharistiques, au cours desquelles il Nous fut donné de représenter comme Légat Notre prédécesseur Pie XI, de glorieuse mémoire. Nous revoyons l'élan fervent de piété et de foi qui montait impétueusement de vos âmes et des immenses cortèges de votre peuple rassemblé de toutes les parties du royaume.

    Nous rappelant et comme pour y faire écho, le vœu exprimé par la nation hongroise, dans ces journées inoubliables, - journées qui semblent être d'hier malgré le gouffre tragique qui nous en sépare. Nous manifestions alors le souhait que la bienheureuse Marguerite, rejeton de souche royale, compagne souriante et sœur de la sainte pauvreté, violette d'humilité oublieuse d'elle-même, âme eucharistique privilégiée et d'une profonde limpidité, lampe ardente devant le saint Tabernacle, dont la douce flamme scintille vivement encore aujourd'hui, même après le long cours de sept siècles, pût bientôt s'élever pour prendre rang dans la splendeur de la gloire des saints, comme une brillante étoile dans le ciel de la Hongrie. Quand elle pénètre dans les secrets conseils de Dieu, qui régit son Église, toute pensée est aveugle ; comment aurions-Nous pu alors supposer que la divine Providence se servirait de Notre ministère pour répondre à votre désir et accomplir ce vœu d'enchâsser cette nouvelle gemme dans le diadème déjà si brillant et si riche du Royaume de Marie ?

    C'est une admirable histoire que celle de votre patrie ; histoire dans laquelle s'entrelacent luttes et épreuves qui illustrent sa sainte mission au service de Dieu, de l'Église et de la chrétienté ; histoire où alternent des renouveaux et des recommencements héroïques ; histoire dans les fastes de laquelle brillent ces phares lumineux que sont les saints de la dynastie des Arpad, parmi lesquels Étienne resplendit, figure géante de souverain, de législateur, de pacificateur, de promoteur de la foi et de l'Église, véritable homo apostolicus, dont la sainte main droite est au milieu de vous, symbole vénéré des grands gestes qu'il a accomplis et sauvegarde assurée de protection dans les dangers extrêmes.

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  • Pologne : une pétition veut obtenir l’interdiction de la confession des enfants

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    Pologne : L’archevêque de Poznań refuse d’interdire la confession des enfants

    14 janvier 2025
    En Pologne, une pétition veut obtenir l’interdiction de la confession des enfants. L’archevêque de Poznań s’y oppose frontalement : « Un non-sens total ». Il n’est pas le seul à critiquer cette initiative.

    L’archevêque de Poznań, Mgr Stanisław Gądecki, âgé de 75 ans, s’oppose à l’interdiction de la confession aux enfants, la qualifiant de non-sens absolu, selon le média Misyjne.pl. Sa déclaration fait suite à une pétition publiée sur le site Internet « avaaz.org », qui a recueilli plus de 13 000 signatures et a été présentée à la chambre basse du parlement polonais.

    Cette pétition a été initiée par l’acteur et activiste Rafał Betlejewski. Selon lui, la confession serait un événement traumatisant, rejeté par les enfants, et pratiqué par des hommes célibataires qui ne disposent pas de la préparation psychologique nécessaire.

    Mgr Gądecki, qui a présidé la conférence épiscopale polonaise de 2014 à 2024, a exprimé son incompréhension face à la demande d’interdiction de la confession pour les enfants, rappelant que ce sacrement existe depuis près de 2000 ans.

    L’archevêque de Poznań n’a pas été le seul à s’opposer à cette pétition. L’Institut polonais Ordo Iuris a également souligné que le contrôle étatique de la sphère religieuse et de la conscience est une caractéristique des systèmes totalitaires. Mgr Gądecki précise qu’à l’époque du stalinisme, les enfants ne pouvaient être baptisés qu’à partir de l’âge de 18 ans et ne pouvaient donc accéder au sacrement de la confession qu’après cet âge.

    Une autre critique formulée par Mgr Gądecki est que l’auteur de la pétition ne prend pas en compte le fait que les enfants doivent être formés dès leur naissance. Chaque sacrement permet à l’être humain de grandir par étapes successives. Selon l’archevêque, les enfants ont besoin d’être éduqués à la vérité à chaque étape de leur vie.

    Lire également : Dieu n'a pas sa place dans une file d'attente

  • De Thomas l’incrédule à Pierre l’incrédule ?

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    De George Weigel sur le NCR :

    De Thomas l’incrédule à Pierre l’incrédule ?

    COMMENTAIRE : Nous devons avant tout prier pour un pape qui s’agenouille devant le mystère divin tel qu’il est révélé dans l’Écriture et la Tradition.

    L'Incrédulité de saint Thomas est un panneau du retable de la Maestà de Duccio di Buoninsegna.
    L'Incrédulité de saint Thomas est un panneau du retable de la Maestà de Duccio di Buoninsegna. (photo : Wikimedia Commons / Domaine public)

    Ralph Fiennes est un acteur remarquable. Et s'il remporte un Oscar pour sa brillante prestation dans Conclave , cette partie de son homélie magistralement prononcée devant le Collège des cardinaux, dont il joue le rôle du doyen, sera probablement citée fréquemment :

    Laissez-moi parler avec mon cœur pendant un moment.

    Saint Paul a dit : « Soumettez-vous les uns aux autres par respect pour le Christ. » Pour travailler ensemble, pour grandir ensemble, nous devons être tolérants, aucune personne ou faction ne cherchant à dominer l’autre.

    Et s'adressant aux Éphésiens, qui étaient, bien sûr, un mélange de Juifs et de Gentils, Paul nous rappelle que le don de Dieu à l'Église est sa variété, cette diversité de personnes et de points de vue qui donne à l'Église sa force.

    Et au cours de mes nombreuses années de service auprès de notre mère, l’Église, il y a un péché que j’ai appris à craindre plus que tous les autres : la certitude.

    La certitude est le grand ennemi de l’unité. La certitude est l’ennemi mortel de la tolérance. Même le Christ n’était pas sûr à la fin. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » s’écrie-t-il dans son agonie à la neuvième heure sur la Croix.

    Notre foi est vivante précisément parce qu’elle marche de pair avec le doute. S’il n’y avait que la certitude et pas de doute, il n’y aurait pas de mystère et, par conséquent, pas besoin de foi.

    Prions pour que Dieu nous accorde un pape qui doute….

    Non, ne le faisons pas.

    Nous ne devons pas prier pour que Dieu nous accorde un pape qui « doute » que le catholicisme manifeste la vérité du monde et sa destinée, pour notre guérison et notre salut. Nous ne devons pas prier pour un pape qui « doute » que le nom de Jésus « est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Philippiens 2:9-11). Nous ne devons pas prier pour un pape qui ne comprend pas, avec saint John Henry Newman , que « dix mille difficultés ne font pas douter une seule ».

    Nous ne devrions pas prier pour un pape qui inverse les rôles de Thomas et de Pierre de telle sorte que Thomas l’incrédule devienne Pierre l’incrédule.

    Le doute n’est pas la voie qui mène au mystère. Dans la conception chrétienne du terme, un « mystère » est une réalité surnaturelle dont le sens ne peut jamais être pleinement sondé intellectuellement, mais qui peut être saisi avec confiance dans l’amour. La certitude n’est pas non plus « l’ennemi mortel de la tolérance ».

    L’ignorance, l’arrogance et les fausses croyances sont les ennemis mortels de la tolérance. Certains des peuples les plus intolérants du monde occidental actuel sont ceux qui ont abandonné toute notion de vérité et qui cherchent à imposer leur scepticisme, leur relativisme et leur nihilisme à tous par la force coercitive de la loi.

    La foi n’est pas non plus une plongée irrationnelle dans l’inconnu, une couverture psychologique réconfortante dans un monde de doute effrayant. « La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hébreux 11:1).

    Et la foi chrétienne est « une chose vivante », non pas parce qu’elle marche de pair avec le doute, mais parce qu’elle grandit, à mesure que la grâce de Dieu et l’utilisation de l’intelligence que Dieu nous a donnée nous poussent toujours plus profondément à la rencontre du mystère de l’amour créateur, rédempteur et sanctificateur de Dieu. Les parties vivantes de l’Église mondiale proclament aujourd’hui Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur, avec humilité mais aussi avec audace et une ferme conviction. Les parties mourantes de l’Église mondiale se tordent les mains et proposent l’Évangile du Peut-être.

    Nous devrions certainement prier pour un pape qui connaît ses limites et qui comprenne que le charisme de l’infaillibilité ne fait pas de lui un oracle de sagesse sur une myriade de questions. Nous devrions certainement prier pour un pape qui sait qu’il a besoin de conseils avisés, qui invite à la critique respectueuse et qui fait face à ses erreurs de jugement prudentiel : un pape qui ne gouverne pas de manière autocratique. Nous devrions, par-dessus tout, prier pour un pape qui s’agenouille devant le mystère divin tel qu’il est révélé dans l’Écriture et la Tradition, et qui comprend qu’il est le serviteur du Dépôt de la Foi, et non son maître.

    Mais un pape qui doute ? Non, merci. L’humilité, oui. Mais le doute ? Non. La volonté de reconnaître les difficultés que beaucoup ont à accepter le Christ ? Oui. Mais le doute que Jésus-Christ soit l’unique sauveur du monde, celui qui révèle toute la vérité sur Dieu et sur nous ?

    S'il te plaît, mon Dieu, non.

  • Saint Antoine, maître de vie spirituelle (17 janvier)

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    m094704_00-007466_p.jpgHistoire de saint Antoine (Source)

    Antoine, né vers 251 en Haute Egypte, avait dix-huit ans lorsque moururent ses parents, chrétiens à la fortune considérable, qui lui laissaient le soin d'élever sa petite sœur. Observant et pratiquant, il fut un jour vivement frappé par cette invitation de Jésus : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel : viens et suis-moi ! » (Mat, XIX 21). Il obéit, mais fit toutefois une réserve des ressources nécessaires à sa sœur. Bientôt il fut impressionné par une autre parole du Sauveur : « Ne vous mettez pas en peine du lendemain. » (Mat, VI 34). Il se débarrassa de sa réserve, confia sa sœur à une communauté de vierges, et se retira dans une solitude voisine de Qéman, entre Memphis et Arsinoé ; conduit par un vieil ascète, Antoine partagea son temps entre la prière et le travail. Cette demi-retraite ne lui suffit pas longtemps ; quand sa réputation lui amena trop des visiteurs, il se réfugia dans un des anciens tombeaux égyptiens de la montagne où, de temps à autre, un ami lui apportait des provisions. Là commencèrent ses tribulations : le démon lui livrait de furieuses attaques. Un matin l'ami charitable le trouva étendu inanimé sur le sol ; il le rapporta au village où, le croyant mort, on prépara ses funérailles. Antoine reprit ses sens et demanda à être ramené immédiatement dans sa grotte.

    Les assauts du démon continuèrent. Antoine chercha une retraite encore plus profonde, au delà du Nil. Vingt ans, il vécut enfermé dans un château ruiné, toujours aux prises avec Satan.

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  • Wikipedia : une fabrique de la désinformation qui peut être corrigée

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    De Stanislas Gabaret sur la Sélection du Jour :

    Wikipédia : un laboratoire de la désinformation qui peut être corrigé

    Forte d'un succès fulgurant depuis son lancement le 15 janvier 2001, Wikipédia vient de célébrer son 24e anniversaire. Consultée environ 500 millions de fois par jour, l'encyclopédie collaborative en ligne offre — en apparence — une information neutre, fournie et précise. Mais dans la réalité, sur Wikipédia comme dans la rue, les militants actuels — souvent d'extrême gauche — font passer leurs idées avec une efficacité redoutable.

    Elle est le premier résultat qui s'affiche après une recherche sur internet. Wikipédia est devenue « La » référence des encyclopédies en ligne avec un concept révolutionnaire : n'importe qui peut écrire sur n'importe quel sujet, à condition de respecter les principes fondateurs du site. Les articles nouvellement créés sont aussitôt mis en ligne avec une seule règle d'or : le contenu doit rechercher la neutralité et s'appuyer sur des sources fiables et vérifiables. Dans sa version francophone, l'encyclopédie compte 3,8 millions de visiteurs et voit environ 17 000 contributeurs effectuer au moins une modification dans le mois. Pourtant, ce chiffre est en baisse, laissant la place à un noyau restreint d'utilisateurs actifs et aux militants les plus virulents. C'est regrettable, d'autant plus que la plateforme repose sur la collaboration de tous : chacun, en tant que simple utilisateur, peut modifier les pages, sauf celles qui sont protégées.

    Les 150 administrateurs de la plateforme — bénévoles pour la grande majorité d'entre eux — empêchent le vandalisme et peuvent réguler la diffusion de fausses informations. Mais ils ne sont pas partout ni forcément exempts de partis pris. L'outil est pourtant apprécié : Wikimédia France (l'association qui finance Wikipédia dans notre pays) a eu l'agrément de l'Éducation Nationale et reçu près de 600 000 € de dons de particuliers en 2022. Une récente enquête du Point (en sélection) permet d'en savoir plus.

    Entreprises, personnalités, sujets divers et variés… Les exemples regorgent de pages modifiées par des groupes suivant un agenda idéologique. Ceux-ci ont recours à un faisceau de sources selon eux tout à fait fiables. On y retrouve Télérama, Mediapart, Arrêt sur images, Reporterre, Libération… C'est sur ce dernier que la page dédiée aux OQTF se fonde pour affirmer qu'il « n'y a pas de lien entre OQTF et délinquance ». Avant l'enquête du Point, un contributeur sous pseudonyme, identifié comme chimiste dans un laboratoire du CNRS à Marseille, avait pris soin de supprimer de cette même page la référence aux affaires de la petite Lola et de la jeune Philippine. Ces deux jeunes filles avaient respectivement été tuées par une Algérienne et un Marocain qui étaient sous l'obligation de quitter le territoire. Le profil de plusieurs contributeurs/activistes correspond à celui d'individus diplômés du supérieur qui ne s'investissent pas forcément dans leurs domaines de compétence, mais plutôt dans des croisades personnelles. Un autre exemple est celui d'un certain « Factsory » — maître de conférences en informatique à l'université de Lille — qui s'est entêté à présenter le glyphosate comme produit cancérogène, contre l'avis de l'Agence européenne des produits chimiques.

    En 2021 (voir LSDJ n°1367), le cofondateur de Wikipédia, Larry Sanger, expliquait que son but originel était d'aider les visiteurs à se faire leur propre opinion, avec — sur un sujet controversé — une présentation équilibrée de différents points de vue. Mais il déplorait en même temps que les équipes de modérateurs se soient politisées. Selon l'un des membres du conseil d'administration de Wikimédia Canada, « on laisse subsister de l'information qui n'est pas toujours fiable, mais on fait le pari que d'autres vont améliorer ce qui est imparfait ». Pari raté souvent, du moins quand les groupes militants ne trouvent pas de contrepoids de la part d'avis politiques divergents.

    Cela se vérifie dans les pages consacrées aux médias de droite, fondées pour la plupart sur l'avis d'une presse recouvrant tout le spectre de la gauche, jusqu'à la plus radicale. Ainsi, Le Point est taxé d'« islamophobe » (la source mentionnée est l'étude d'une universitaire, militante LGBTIQ+ et auteur d'une thèse sur la discrimination à l'embauche des musulmans), Causeur « classé à l'extrême droite » (selon Le Monde, L'Obs, Libération, Les Inrocks, Télérama, Arrêt sur images,...) ou Valeurs Actuelles, qualifié de « faussaire » dans son traitement du réchauffement climatique (selon Basta !, Mediapart, Politis et Reporterre). L'inverse ne se vérifie pas, la presse de gauche n'est pas décrite en fonction de son homologue de droite : la page consacrée au site web Arrêt sur images est un cas d'école, tellement elle est lisse. Pourtant, son fondateur est l'un des journalistes qui a le plus flatté la complaisance de gauche envers l'islamisme.

    Sur Wikipédia, Jordan Bardella est à la tête du « principal parti d'extrême droite en France », avec — en hyperlien sur l'expression « extrême droite » — la définition suivante : « une droite de refus, de rejet. Rejet des institutions gouvernementales ou constitutionnelles, rejet de la démocratie, haine des étrangers (xénophobie), remise en cause de l'ensemble des institutions civiles, administratives, sociales, économiques et religieuses […]. » Voilà ce pour quoi voteraient près de 11 millions d'électeurs du Rassemblement National, alors même que le leader du RN n'a jamais été condamné pour de tels positionnements et qu'un parti qui les revendiqueraient aujourd'hui serait interdit. Dans le même temps, l'encyclopédie évite de qualifier Jean-Luc Mélenchon de leader d'extrême gauche, même si elle se montre critique à certains égards…

    Le traitement est le même sur la page en anglais des personnalités américaines. Les portraits d'Elon Musk ou Donald Trump sont nourris par ceux qu'en font leurs opposants. Le second a notamment droit à la description la plus acerbe : « Plusieurs universitaires et historiens le classent comme un des pires présidents de l'histoire américaine [...]. Bon nombre de ses commentaires et actions ont été qualifiés de provocateurs sur le plan racial, racistes et misogynes. Il a promu des théories du complot et fait des déclarations fausses et trompeuses [...], à un niveau sans précédent dans la politique américaine. » Ses affaires judiciaires sont soigneusement rappelées, mais aucune mention du fait qu'il soit le seul président américain à ne pas avoir déclenché de guerres depuis près de quarante ans.

    La page consacrée à Joe Biden est nettement moins critique, ce qui est logique dans la mesure où les avis sur son image publique reposent sur le New York Times et non sur ce qu'en pensent les Républicains. Celle de son fils Hunter omet les éléments les plus gênants découverts sur son ordinateur portable. Kamala Harris bénéficie elle d'une description qui pourrait presque paraître élogieuse. Son rôle comme première vice-présidente femme, à la fois afro-américaine et d'origine asiatique, est particulièrement mis en avant, contrairement aux raisons de sa défaite calamiteuse face à D. Trump.

    Face à ces pratiques d'orientation idéologique, voire de désinformation, quel avenir se dessine pour Wikipédia ? Renoncer à sa démocratisation pourrait être contre-productif. Cependant, qu'est-ce qui empêche tout un chacun de contrebalancer l'information parfois biaisée du site en apportant, autant que faire se peut, des contenus objectifs et fiables ?

    Wikipédia, plongée dans la fabrique d’une manipulation

    >>> Lire l'article sur le site du Point

  • Du vote de la loi Veil à l’inscription de l’avortement dans la Constitution

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    De gènéthique.org :

    De la loi Veil à l’inscription de l’avortement dans la Constitution

    16 janvier 2025

    Il y a 50 ans, le 17 janvier 1975, la loi Veil était adoptée par l’Assemblée nationale. L’année dernière, l’avortement était inscrit dans la Constitution. Petite rétrospective en quelques étapes clés du processus qui a conduit à graver dans le marbre constitutionnel une mesure prise au départ à titre temporaire.

    17 janvier 1975 : L’Assemblée nationale adopte la loi dite Veil, du nom de la ministre qui l’a défendue après des débats houleux. L’IVG peut être pratiquée par un médecin à la demande de la femme enceinte, avant la fin de la 10e semaine de grossesse. La loi dépénalise, elle ne légalise pas. En d’autres termes, elle ne crée pas de droit à l’avortement mais une exception à la loi : l’avortement ne fait plus l’objet de poursuites, de peines, tant du côté des femmes que de celui des médecins.

    Pour mémoire, le premier article dispose que « la loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi ». En 1975, elle est adoptée à titre expérimental pour 5 ans.

    31 décembre 1982 : 7 ans plus tard, non seulement la loi n’est plus en débat mais la loi Roudy prévoit le remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale. La solidarité nationale, c’est-à-dire les contribuables, finance désormais les IVG.

    27 Janvier 1993 : Le délit d’entrave à l’IVG est créé par la loi Neiertz. Le fait de tenter d’empêcher une IVG, en perturbant l’accès aux établissements de santé ou en menaçant les femmes souhaitant avorter ou le personnel médical, est passible de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

    Avril 1999 : La pilule dite « du lendemain » est en vente libre dans les pharmacies, c’est-à-dire qu’il n’est plus besoin de l’intervention d’un médecin, d’une ordonnance pour l’obtenir. Elle sera délivrée gratuitement aux mineures à partir de 2002 et à toutes les femmes depuis 2023.

    Or la dose d’hormones sexuelles administrée en un jour avec la pilule du lendemain est jusqu’à 50 fois plus élevée qu’une pilule ordinaire, qui est, elle, soumise à prescription pour des raisons de sécurité. Par ailleurs, le produit [1] ne « prévient » qu’entre 52% et 85% des grossesses attendues (cf. « Contraception d’urgence » : quelle information des femmes ?).

    4 Juillet 2001 : Le délai légal pour avorter est allongé de 10 à 12 semaines de grossesse. Les mineures qui veulent avorter sont désormais dispensées d’obtenir une autorisation parentale – elles doivent toutefois être accompagnées par un adulte référent.

    17 janvier 2013 : L’IVG est remboursée à 100% pour toutes les femmes. Aujourd’hui, les examens médicaux et l’intervention elle-même sont mieux pris en charge que les frais et les examens liés à la grossesse. La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2021 instaurera en outre « le tiers payant intégral » pour toutes les femmes.

    4 août 2014 : La loi pour « l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » supprime la notion de détresse dans les conditions de recours à l’IVG et étend le délit d’entrave à l’IVG à l’accès à l’information sur l’IVG. Au passage, l’égalité entre les hommes et les femmes reste toute relative parce que, sur la question de l’avortement, les hommes sont absolument mis de côté. Toute tentative pour s’opposer à l’avortement de l’être conçu avec leurs gamètes tombe sous le coup de la loi sur le délit d’entrave. Ce nouvel élargissement banalise complètement l’IVG qui n’a plus besoin de motif. On est très loin de l’exception à la loi.

    26 janvier 2016 : La loi de modernisation de notre système de santé portée par Marisol Touraine, à l’époque ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes supprime le délai minimal de réflexion d’une semaine. Le texte est voté sur fond de campagne « Mon corps, mon choix, mon droit » qui a été lancée l’année précédente. Très active notamment via les réseaux sociaux, elle veut informer et déculpabiliser. Preuve s’il en fallait que l’avortement n’est pas un acte banal ou anodin et qu’il ne peut s’apparenter à aucun autre acte chirurgical.

    Elle permet également aux sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses. Le but est de pallier la pénurie de médecins qui acceptent de pratiquer des IVG. D’ailleurs, l’acte fera l’objet d’une revalorisation financière pour être plus « attractif ».

    20 mars 2017 : La loi étend le délit d’entrave à l’IVG. Elle punit le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption volontaire de grossesse par tout moyen, y compris par voie électronique ou en ligne.

    A la même époque, en juillet 2017, au cours d’un petit-déjeuner organisé au Sénat, la sénatrice Françoise Laborde présente une étude comparative sur l’IVG dans 8 pays (cf. Analyse comparée des lois sur l’IVG : vers une prise de conscience au Sénat ?). Elle reconnait à cette occasion que les lois françaises, au coude à coude avec la Suède, sont « en pointe ». Pendant ce même petit-déjeuner, Gilbert Barbier, chirurgien et sénateur du Jura, qui a installé le premier service d’orthogénie de France en 1976, se dit « consterné par le nombre d’avortements ».

    Avril 2020 : Prétextant le contexte de « crise sanitaire », le gouvernement saisit la Haute autorité de santé qui choisit d’étendre l’avortement à domicile « jusqu’à la 9e semaine d’aménorrhée ». Auparavant le délai était fixé à 7 semaines maximum. Il décide aussi de favoriser « la téléconsultation pour la prise en charge de l’IVG médicamenteuse »Une mesure « d’urgence » pérennisée en 2022 par voie de décret. Le ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran, n’a pas jugé utile de consulter la représentation nationale.

    Avril 2021 : Un décret autorise les IVG instrumentales à être pratiquées en centre de santé. Et par les sages-femmes, à titre expérimental, suite à un décret paru le 31 décembre. Fin 2023, la mesure devient définitive.

    23 février 2022 : Rejetée trois fois par les sénateurs, la loi Gaillot est définitivement adoptée par l’Assemblée nationale. Sa mesure phare, l’allongement du délai à 14 semaines de grossesse, est déplorée, y compris par les gynécologues. A 14 semaines, l’avortement est « un geste plus dangereux que les médecins n’aiment pas faire […] parce que le fœtus devient plus grand, plus ossifié », alerte Israël Nisand, chef du service de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg et président du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France.

    Outre cet allongement, le texte instaure de multiples dispositions : délai de 7 semaines de grossesse pour les avortements médicamenteux [2], création d’un répertoire de professionnels pratiquant l’IVG, sages-femmes autorisées à pratiquer des avortements chirurgicaux, suppression du délai de réflexion de 48h, sanction des pharmaciens qui refuseraient de délivrer une « contraception d’urgence ». La suppression de la clause de conscience spécifique est la seule mesure que les parlementaires n’auront pas adoptée. De justesse, car elle avait d’abord été supprimée en première lecture (cf. La clause de conscience : seule rescapée de la « loi Gaillot »).

    8 mars 2024 : « La liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » est officiellement inscrite dans la Constitution française. La loi est promulguée par Emmanuel Macron, pour la journée internationale de la femme. Une femme qui est « libre » de subir un avortement, pas de parler de sa souffrance (cf. « Le deuil caché » : un documentaire pour libérer la parole des femmes ayant vécu une IVG).

    La constitutionnalisation de l’avortement serait-elle le point final de l’histoire ? Loin s’en faut. Les militants envisagent systématiquement la prochaine étape, réclamant encore et toujours la suppression de la clause spécifique et l’extension des délais, entre autres mesures. Et galvanisés par le symbole de cette constitutionnalisation, ils entendent porter leur combat au niveau européen (cf. La France inscrit l’avortement dans sa Constitution. Et ensuite ?).

    Ainsi, en 50 ans, l’avortement qualifié de « drame » par Simone Veil est devenu une « liberté » inscrite dans notre Constitution (cf. 50 ans de la loi Veil : l’IVG, un « drame » devenu une « liberté ») et le nombre d’avortements était encore en hausse en 2023 (cf. France : 243 623 avortements en 2023, un chiffre encore en hausse). Où cela s’arrêtera-t-il ?

    L’histoire de la loi Veil et de ses prolongements législatifs invite à une réflexion approfondie. En effet, chaque étape a entraîné des conséquences plus vastes et plus graves que ce qui était annoncé pour la justifier. Et les garde-fous affichés pour rassurer ont été balayés à l’étape d’après. Cette histoire souligne la nécessité, pour les décideurs publics, d’évaluer les implications à long terme des mesures adoptées, d’anticiper l’ensemble de leur portée. Et de maintenir une attention constante à l’éthique.

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    [1] EllaOne/Norvelo

    [2] Certaines mesures sont redondantes avec des décrets pris précédemment, le gouvernement ayant voulu « assurer » leur mise en œuvre sans attendre le vote de la loi Gaillot.

    Lire également : Accès à l’IVG : encore et toujours plus loin ?